Se retrouver entre femmes au travail, c’est pas forcément compliqué
Marre du macho au bureau ?
Ras le bol des misogynes de la cantine ?
Du sexiste de l’open-space ?
Vous avez bien raison.
Mais pas facile de faire quelque chose quand on se sent toute seule, et peu d’organisation ont mis en place des réseaux de soutien de femmes dignes de ce nom. Qu’à cela ne tienne. Voici les conseils des FiLLES du FUTUR.
CREEZ UN LADIES’ LUNCH.
1 fois par mois,vous et des collègues femmes, vous retrouvez en réel ou par Skype/visio pour déjeuner et parler des inégalités pro dans votre organisation. Vous verrez tout de suite que certaines choses que vous pensiez être « votre problème » sont partagées, et sont finalement des problèmes culturels ou systémiques, et pas forcément personnels. Vous aurez aussi du soutien, des conseils, et qui sait, des actions.
COMMENT – 10 règles:
1. Identifiez min 4 et max 8 femmes
2. 1h mini à 1h30 max
3. 1 fois par mois, et on s’y tient.
4. Si possible, mixez les services et niveaux.
5. Faites un tour de table obligatoire à chaque lunch
6. NE PARLEZ QUE DE QUESTIONS D’EGALITE
7. Respectez la parole du Lunch, motus à l’extérieur sauf si décision commune.
8. Si vous le souhaitez, amenez ou envoyez à l’avance de la lecture à vos co-luncheuses.
9. Finissez sur une prise de date pour le prochain
10. Amusez-vous !
En détails :
Identifiez min 4 et max 8 femmes
Pas trop peu,car il faut de la diversité, pas trop car il faut que chacune puisse parler. Si vous en trouvez plus, faites différents groupes de Lunch. Seulement des femmes car il s’agit là de votre vécu, les hommes « alliés » vous soutiennent, mais ne sont pas conviés. Sinon, vous allez marcher sur des œufs pour ne pas les vexer, passer du temps précieux à expliquer un vécu non partagé. Ils seront bienvenus pour passer à l’action si besoin.
1h mini à 1h30 max
Il faut avoir le temps de parler, mais être gérable dans l’agenda.
1 fois par mois, et on s’y tient.
Traiter ce lunch comme un rdv pro extérieur. Si vous annulez parce qu’il y autre chose à faire,vous ne prenez pas la question de l’égalité au sérieux. Pourquoi votre organisation en ferait-elle une priorité si vous ne la faites pas ?
Si possible, mixez les services et niveaux.
Cela ouvrira les perspectives et permet de partager les expériences. Et sachez-le : les femmes plus haut dans la hiérarchie ont aussi besoin de soutien et d’échanges. En plus de pouvoir être des mentors, elles seront de vraies participantes.
Faites un tour de table obligatoire à chaque lunch
Que chacune puisse parler
NE PARLEZ QUE DE QUESTIONS D’EGALITE
Il va être tentant, des amitiés se liant, de parler d’autres choses. Attention, le Ladies’Lunch se transformera alors en un quelconque déjeuner qui ne fait pas avancer les sujets.
Respectez la parole du Lunch, motus à l’extérieur sauf si décision commune.
Chacune doit pouvoir s’exprimer sans avoir peur que ce qu’elle dit fuite. Pas non plus de chef qui dit « ça m’intéresse, tu me débrieferas… ». expliquez-lui ou à elle que c’est contre les règles, et pour que la parole se libère, il faut que l’on se sente en confiance.
Si vous le souhaitez, amenez ou envoyez à l’avance de la lecture à vos co-luncheuses.
Vous avez lu un article qui vous parle sur l’égalité salariale ? un podcast sur comment négocier ? n’hésitez pas à en faire profiter vos co-luncheuses sous une forme facile à partager. Vous pouvez aussi faire un groupe WhatsApp, facebook ou Slack par exemple.
Finissez sur une prise de date pour le prochain
Amusez-vous !
Parfois le sexisme fait rire jaune, mais fait rire quand même…
Non, je ne suis pas une HYSTERIQUE !
Le Conseil du jour : Savoir montrer sa colère, sans être qualifiée d’HYSTERIQUE
Une insulte que l’on entend très vite, même dans la bouche des autres femmes. En effet, on s’attend à ce qu’une femme s’en tienne à un rôle de mère aimante, douce, toute dérogation est vue comme un dérapage. Alors que quand un homme montre de la colère, c’est pris pour de la force, du caractère, pas du déséquilibre. QUE FAIRE ?
Alors, comme d’habitude, on ne fait pas de compromis sur le fond (on a droit à sa colère), mais on fait la maline sur la forme. Les conseils de Joan Wil21liams (professeure spécialiste du droit des femmes au travail, UC Hastings San Francisco) qui nous donne la recette qui marche, et qui passe bien : ” Là, comme tu me vois, j’ai l’air en colère. Si j’ai l’air en colère, c’est parce que je suis en colère. Et la raison pour laquelle je suis en colère, c’est par ce que ce que tu viens de faire met en danger – insérer ici un but collectif commun – “. Votre colère apparaît ainsi sous contrôle, vue avec distance, et pour le bien commun.-.. Et si vous êtes une sanguine, lâchez-vous le soir en sport ou en criant une suite d’injures dignes du capitaine Haddock dans votre salle de bain. Vous pouvez aussi recruter un(e) pote au bureau avec qui vous lâcher en toute confiance, toutes portes fermées.
LE JUDO DU GENRE ou comment utiliser le sexisme contre les sexistes.
Le judo consiste à utiliser l’agression de votre adversaire contre lui ou elle pour gagner lors de l’échange. Dans le judo du genre, concept nommé par Joan C. Williams de University of California Hastings, il s’agit d’utiliser le stéréotypes sexistes contre les sexistes eux-mêmes.
En effet, toute personne qui s’est retrouvée dans une discussion avec un ou une sexiste convaincu/e, a très certainement constaté que les arguments posés, rationnels, ou l’appel à l’empathie, sont tout simplement inefficaces. Si les sexistes convaincus pouvaient être atteints par ce type d’approche, ils ne seraient pas sexistes convaincus. Comme ils ne se rangeront pas à nos arguments, Il faut utiliser les leurs pour les vaincre, et utiliser leur propre représentation du monde pour les confondre.
La campagne présidentielle américaine, si elle nous donne parfois des sueurs froides, nous a donné lors du débat entre la candidate à la vice-présidence Kamala Harris, et le vice-président actuel Mike Pence, un très bon exemple de judo du genre. Alors que Pence, tout aussi posé qu’il était, a quand même passé sa soirée à l’interrompre, à essayer de parler plus fort qu’elle, et a globalement ne pas l’écouter (pratiques sexistes vécues par beaucoup de femmes), Kamala Harris nous a donné une bonne leçon de judo du genre.
Une des raisons pour lesquelles le sexiste interrompt les femmes, c’est qu’il ne respecte pas leur parole en tant que personne compétente, et que pour lui, les femmes doivent être avant tout douces et gentilles. Et c’est en lui donnant ce qu’il souhaite, c’est-à-dire la manière douce et gentille, et avec le sourire cher à tous ces messieurs qui aiment les femmes en mode ornemental, que Kamala Harris a gardé la main face à Mike Pence. Son « I am speaking » répété avec le sourire et la patience pendant tout le débat, a dépourvu les sexistes de leurs accusations de femme hystérique, énervée ou agressive, dès qu’on leur résiste. Cela a forcé Mike Pence dans un rôle que tous jugeront irrespectueux.
Même si ça ne devrait pas être nécessaire de se conformer aux stéréotypes pour être entendue, le fait est que c’est efficace contre les sexistes. On les neutralise avec la forme, mais on ne cède rien sur le fond. En revanche, afin de ne pas s’enfermer dans une forme stéréotypée et sexiste, ne pratiquez le judo du genre que quand il s’agit en effet d’une discussion avec un adversaire. Dès que vous êtes avec un allié, ou même quelqu’un de neutre ou plus ouvert, vous n’avez pas besoin de recourir à ce genre de stratagème. Autorisez-vous à être naturelle, sans sourire si vous souhaitez, sans douceur si ce n’est ni votre caractère ni votre humeur du moment, et sans concession.
Ne pas se laisser traiter comme une PLANTE VERTE
En réunion, ne pas se laisser traiter comme une PLANTE VERTE.
Car les femmes sont souvent malmenées ou ignorées en réunion, surtout lorsqu’elles ne sont qu’une ou deux autour de la table. Il est commun qu’on les interrompe, qu’on finisse leurs phrases à leur place ou qu’on ne regarde pas dans leur direction quand une question a été posée, comme si leur coin de la table était un angle mort.
Reconnaissez-vous cette situation ? Une femme donne une idée, personne ne réagit. Quelques instants plus tard, un homme ressort la même idée, et là, elle est entendue et bien reçue.
Quand Beth Brooke, vice-présidente de Ernst & Young en fit l’expérience, elle en a parlé ensuite au meneur de réunion. Il ne l’avait même pas remarqué. QUE FAIRE ?
1) Choisissez bien votre place. Mettez-vous si possible près du meneur de la réunion ou du président. Bref, dans un coin où vous faites partie du champ de vision fréquent. Pas au fond près de celui qui prend les notes…
2) Ne prenez pas les notes ! (vous interviendrez moins, et en plus, inconsciemment, on vous prendra pour l’assistante). S’il n’y a pas de personne dédiée, nommez-en une, et faites tourner.
3) SURTOUT : Essayez d’avoir un(e) allié(e) : à chaque fois que quelqu’un vous coupe la parole, il/elle coupe à son tour et dit « Untel, je voudrais entendre la fin de ce que disait Unetelle… ».
4) Entrainez-vous à parler fort, et à ne pas commencer vos phrases par : « pardon mais », « excusez-moi mais », ou « s’il vous plait ». Ce sont des tics de politesse qui sont pris pour de la faiblesse.
5) Assurez-vous que votre posture assise est affirmée et laisse passer la voix, ne vous tassez pas sur votre chaise.
On ne vous écoute toujours pas ? Levez-vous et parlez debout, quitte à faire un ou deux pas, puis rasseyez-vous. Allez au paper board s’il y en a un, mais sinon levez-vous. On vous regardera un peu en coin, mais on vous écoutera, et vous ne serez pas mal jugée pour autant. Si on vous demande pourquoi vous vous levez, dites « pour me faire entendre » avec un grand sourire, ça passera très bien.
Pour conclure, si c’est systématique, parlez à l’avance avec celui qui mène la réunion et mentionnez le fait que, vu la culture de l’organisation, certaines voix, dont la vôtre, ont tendance à ne pas ressortir en réunion et suggérez un tour de table systématique