C’est lundi, fait moche, y’avait plus de smoothie mangue-betterave-épinard-endive à la boutique d’en bas, alors il faut pas vous chercher… et c’est là que le lourd du bureau arrive et vous dit : ” hé, ben, UN PETIT SOURIRE ! ”
Pourquoi ça ne va pas de dire à une femme de sourire.

Passons sur le fait que je n’ai jamais entendu quelqu’un dire ça à un homme… Le fait de demander à une femme de sourire, implique qu’elle faisait précédemment « la gueule ». Or, plutôt que de lui demander « qu’est-ce qui ne va pas ? » on lui demande de sourire. Indiquant qu’on se contrefiche ainsi de ce qu’elle ressent, et on lui signifie sans détour que ses pensées, ses états d’âme, et les raisons de son désagrément nous importent moins que sa valeur ornementale. Dans l’instant, elle ne compte pas en tant qu’être pensant, elle n’est qu’objet qui gâche le décor en faisant la ronchonne… or cette injonction à sourire est omniprésente. Dans la rue, « un sourire mademoiselle », au travail, «allez ,les filles, Et avec le sourire ! », dans les média enfin, où les femmes sont toujours représentées en mode Colgate blancheur. Cette réduction a une “jolie chose” est d’autant plus insupportable au travail, que c’est un lieu où on s’évertue à démontrer son mérite et ses compétences.
QUE FAIRE quand on voit une femme qui fait la gueule ? Et bien, on fait comme avec les hommes : on la laisse tranquille, ou on lui demande, gentiment, « ben alors qu’est-ce qui t’arrive ? » Et si vous êtes la femme à qui on le demande régulièrement ? Si vous connaissez la personne, et qu’elle est ouverte d’esprit, expliquez pourquoi c’est pas terrible. Si c’est un sexiste ordinaire, une bonne option est de soulever les sourcils d’un air surprise en ne disant rien, ou sinon un “NON, MERCI” sans appel fonctionne à merveille.